Manifeste

Vers un travail qui a du sens

À l’ère des bullshit jobs* et de la « triple révolution » (numérique, écologique et spirituelle), la quête de sens n’a jamais été aussi prégnante. Pourquoi ? Tout simplement, car nous avons fait fausse route depuis bien longtemps et qu’il est désormais plus qu’urgent de réagir et de nous remettre… dans le bon sens.

Tout a été fait pour nous conditionner et nous faire rentrer dans un moule.
Nous avons placé le sens de nos vies à l’extérieur de nous et l’« avoir » au-dessus de l’« être ». Il est urgent de redevenir ce que nous sommes avant tout, des êtres spirituels guidés par notre intuition et ouverts sur le monde.

Tu veux être quoi, plus tard?

Le moule commence avec l’école où les élèves sont dans des classes surchargées, restent assis toute la journée, n’ont pas le droit de copier les uns sur les autres ni de communiquer et sont en compétition les uns avec les autres via le système de notation, là où nous devrions plutôt leur apprendre la coopération.
Depuis l’enfance, on nous demande ce que l’on veut faire quand on sera plus grand, quelles études, quel travail, mais jamais qui l’on veut être, quelle vie (avec un grand V, c’est-à-dire autant la vie spirituelle, amoureuse, sociale, géographique, la contribution au monde…) on veut mener, qu’est-ce qui nous rendrait heureux.
Nous faisons donc des études « comme tout le monde », nous commençons à travailler « comme tout le monde ». Et si ce n’est pas le cas, nous sommes pointés du doigt comme étant un marginal, un rêveur… Le travail ne nous plaît pas, mais « il faut travailler dur pour gagner sa vie », « dans la vie, on ne fait pas ce que l’on veut », toutes ces injonctions issues de l’inconscient collectif. Et nous y croyons jusqu’à ce que notre petite voix intérieure vienne de plus en plus fort nous susurrer à l’oreille : « Mais que fais-tu là ? », « Qui es-tu ? ».
Là commence alors le plus merveilleux des chemins, la reconnexion à Soi. Car nous ne sommes pas sur terre pour faire un travail qui ne nous plaît pas, nous nous sommes incarnés pour expérimenter des choses, offrir notre unicité, notre lumière au monde et rayonner.
Nous sommes des phares les uns pour les autres, des êtres libres, des êtres SPIRITUELS.

Du ras-le-bol au burn-out

Heureusement, depuis quelques années les prises (et éveils) de conscience sont de plus en plus nombreuses. Nous nous apercevons que nous marchons sur la tête, que les vies que l’on mène n’ont pas vraiment de sens… ce qui peut parfois mener au burn-out. Aujourd’hui, ce phénomène est de plus en plus fréquent, car nous sommes dans une dynamique de changement de système et même de civilisation. Le burn-out est quelque chose d’extrêmement… positif, même si c’est brutal, car il permet d’enclencher un changement profond dans son existence. Il intervient quand il n’y a plus de capacité à faire semblant, à mettre un masque, à avancer dans un environnement qui n’a finalement aucun sens. Lorsque professionnellement vous n’êtes pas aligné avec vos valeurs et votre être dans son ensemble, vous allez petit à petit faire se succéder toute une ribambelle de symptômes. Cela commence par un ras-le-bol, une boule à la gorge avant d’aller au boulot le lundi (voire dès le dimanche après-midi), de l’anxiété… Puis, le message n’étant pas encore entendu, la maladie (le « mal a dit ») débarque et le corps prend le relais avec un mal de dos, un ulcère, une sciatique. Et que se passe-t-il si nous n’écoutons toujours pas ? Le burn-out prend la suite pour que le message soit vraiment intégré et qu’une transformation puisse enfin s’enclencher.
Car il s’agit de ça… De vous mettre sur votre bonne voie, de vous aider à aller vers vous et de procéder aux changements nécessaires qui vont vous permettre de ne plus vous oublier !

Conférence
Hélène Picot donnant une conférence chez Make Sense

Prendre conscience

Nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience que le monde dans lequel nous évoluons, ou évoluions (en fonction de l’étape à laquelle on se trouve), marche sur la tête. Désormais, les prises de conscience sont fortes et l’envie de contribuer à un monde plus éthique, résilient, humaniste, émerge chaque jour davantage.
Qui suis-je dans ce monde ?
Quel sens ai-je envie de donner à ma vie ?
Toutes ces questions sont sur le devant de la scène.
Et ce, quels que soient l’âge et le secteur d’activité dans lequel vous évoluez. Un P.-D.G. aux États-Unis peut être en train de faire en sorte que son entreprise évolue vers un système d’économie circulaire. Une étudiante à São Paolo peut être en train de créer un mouvement zéro déchet dans sa ville. Une femme en Inde peut œuvrer à la conservation et à la diffusion des semences anciennes dans son village. Un ouvrier en France peut monter une société coopérative avec ses collègues et racheter l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Un retraité finlandais peut transmettre son savoir-faire via des plateformes à des milliers de jeunes du monde entier. Un quarantenaire burkinabé peut planter des arbres pour faire reculer le désert. Une jeune Basque peut-être en train de sillonner la planète pour étudier auprès de tous les grands sages et connaître l’éveil. Un jeune de banlieue peut être en train de créer une boîte pour favoriser le lien intergénérationnel.
L’erreur commune est de penser que ces prises de conscience émergent exclusivement chez les CSP +, les « bobos » urbains. Penser ainsi et diffuser cette croyance auprès du public ne fait que causer notre perte, car elle crée des clans. Nous avons besoin d’unité et non de division dans la famille humaine. Par ailleurs, faire croire aux gens que ces prises de conscience écolo ne seraient présentes que chez les prétendus bobos est tout simplement erroné. Cela revient à dire que les populations moins « éduquées » et aisées n’auraient pas les mêmes revendications ni les mêmes capacités à faire bouger les lignes. La conscience de ce qui se passe dans le monde, les ressources venant à manquer, l’émergence d’une nouvelle humanité, nous y sommes tous confrontés. Tout le monde peut s’élever et changer, c’est d’ailleurs le but de l’homme. S’élever n’est pas une question d’éducation dans le sens de « niveau d’étude ». Beaucoup de bac + 5 ou de doctorants n’ont toujours pas pris conscience de l’urgence à changer, alors qu’une personne ailleurs dans le monde, qui est peut-être illettrée mais qui est connectée à la nature et à sa spiritualité et prend de plein fouet le réchauffement climatique, met des choses en place pour améliorer la situation.
À mes yeux, un aborigène, un Massaï ou un Kogi est bien plus « intelligent » que nous, peuple soi-disant « développé », car ils sont restés connectés aux lois du Vivant. Nous nous sommes quelque peu perdus en route. L’envie de changer, d’évoluer, de contribuer à un monde plus sain n’est pas une question de niveau d’études mais d’envie, d’enthousiasme et de prise de conscience.

Une réussite qui ne dépend plus du prestige, mais du sens

Au sujet du travail, il est aussi question de remettre du cœur à l’ouvrage. Retrouver du sens et prendre enfin conscience qu’avant le mot être humain, il y a avant tout le verbe « être ». De ce fait, de plus en plus de personnes ont pris conscience de l’absurdité du marché du travail. Pourquoi passer 80 % de son temps à travailler pour un objectif qui n’a pas de sens, dans une entreprise où je ne comprends pas ce que je fais puisque je ne vois aucun résultat tangible et où, de surcroît, je peux me retrouver au chômage du jour au lendemain ?
La reconversion, les changements de vie, la création d’entreprise ne sont plus des phénomènes marginaux, bien au contraire. Les médias et Internet, montrant de plus en plus de ces fameux changements de paradigmes, donnent encore plus envie de faire partie de ce mouvement de fond. Il y a une dizaine d’années, le profil des personnes désirant trouver leur voie était à 80 % des femmes, âgées de 33 à 43 ans, et plutôt CSP+. Aujourd’hui, ce sont autant d’hommes que de femmes, de tous niveaux d’études, entre 21 et 66 ans !
La majorité se reconvertissent, créent leur entreprise ou leur emploi, d’autres, moins nombreux, optent pour le salariat (souvent à temps partiel) dans une entreprise ou une ONG qui a du sens.
Les idéaux ont changé ou plutôt sont nés. Avant, il fallait avoir une bonne place, sous-entendu, un CDI. La réussite dépendait du prestige que l’on pouvait tirer d’une fonction et/ou du salaire et des primes que l’on recevait à la fin du mois. « Dis-moi combien tu gagnes, je te dirai si tu as réussi. » Le sens, le plaisir de se lever le matin pour aller travailler, le fait d’être heureux et serein chaque jour, quelle idée ! Ça ne paye pas ça, monsieur ! Heureusement, tout est en train de changer.

Nous prenons conscience que c’est à notre travail de s’adapter à la vie et non l’inverse. Tout avait été fait pour conditionner l’être humain à devenir un Être travailleur, la vie entière de l’individu devait être tournée intégralement autour de cette notion de travail, il lui restait deux ou trois heures en fin de journée pour passer un peu de temps avec sa famille ou faire ce qui lui plaisait s’il n’était pas trop fatigué, sinon il compensait en se remplissant (d’achats, de séries télévisées, de nourritures, d’alcool…).

Quel sens a mon travail

Désormais, et c’est fabuleux, un grand nombre de personnes veulent que leur travail leur apporte ou du moins, contribue à leur apporter :

  • du sens : que leurs métiers, activités et actions soient utiles et contribuent au monde qui les entoure ;
  • de la flexibilité, voire la liberté : choisir ses horaires, son lieu de son travail et même ses activités. On a le droit d’être (digital) nomade, « slasheur » (terme qui vient de la barre oblique « / » pour mentionner le fait d’avoir plusieurs activités. En d’autres termes, être prof de yoga/consultant informatique/bénévole dans une ONG.), de mixer salariat et entrepreunariat…
  • du temps : de nouvelles manières de travailler, de s’organiser pour se réapproprier le bien le plus précieux : le temps. Et ainsi pouvoir vivre pleinement et que la Vie dans son ensemble soit équilibrée (vie personnelle, spirituelle, amoureuse, sociale, écologique et, enfin, professionnelle).
Construction
La prairie du Canal à Bobigny créée par l'association La SAUGE où j'ai été Secrétaire générale bénévole

Il y a presque autant de manière idéale de travailler que d’être humain.
Cependant, nous ne sommes pas vraiment faits pour travailler dans des environnements clos, sans voir la lumière du jour, sans bouger pendant 7 ou 10 heures, les yeux rivés sur un ordinateur.
L’être humain est un nomade et un créateur depuis la nuit des temps et nous sommes connectés au rythme circadien (jour/nuit).

Travailler 4 ou 5 heures par jour ou 3 jours par semaine, alterner les tâches intellectuelles et manuelles et/ou créatives et/ou sportives, apprendre à faire de vraies pauses, aller marcher, enlacer un arbre ou faire la sieste chaque jour, voilà le rythme idéal pour un être humain.

Aujourd’hui, le bruit et la lumière nous ont envahi, surtout dans les villes.
On ne prend véritablement conscience du niveau sonore et de la pollution lumineuse que lorsque nous les avons quittés quelques temps.
Sinon, le bruit devient « normal », les lumières artificielles des bureaux sans fenêtres paraissent, eux aussi, « normaux », nous nous adaptons à cet environnement.
Il n’en est rien. Le bruit incessant est hautement stressant.

Un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2014 a démontré le lien entre le bruit urbain et l’augmentation du risque d’AVC, des troubles cardiaques et des troubles du sommeil.
Une étude de Bruitparif et l’Observatoire Régional de Santé d’Île-de-France datant de 2015 a estimé que les franciliens perdent 7 mois de vie en bonne santé à cause des nuisances sonores, ce chiffre pouvant atteindre deux ans pour les personnes les plus exposées !
Quant à la lumière artificielle, elle dérègle nos rythmes naturels. Sans compter la lumière bleue qui est extrêmement nuisible pour la rétine et augmente le risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Quel programme enthousiasmant !
Alors si vous travaillez dans des bâtiments fermés, faites-le plus possible des pauses à l’extérieur. La vitamine D n’est synthétisée que grâce aux rayons du soleil. Un manque de vitamine D engendre notamment des dépressions d’où le syndrome de la dépression saisonnière l’hiver, le soleil venant à manquer.


Travaillerons-nous encore demain ? Bien sûr mais tout dépend de la définition que l’on met derrière le mot travail. Pour ma part, je fais ce que j’aime, je n’ai donc pas l’impression de travailler. C’est l’adage de Confucius «fais un travail que tu aimes et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie ».

Marche

Nous avons tendance aujourd’hui à confondre travail et emploi. Il y aura de moins en moins d’emploi, en revanche, du travail, il y en a pour tout le monde.
A mon sens, une personne qui n’a pas d’emploi mais qui cultive sa terre pour vivre en autonomie, c’est du travail. Une mère (ou un père) qui n’a pas d’emploi mais qui élève ses enfants, c’est du travail. Des personnes qui font ce qu’elles aiment profondément, travaillent. La similitude entre chacune de ces personnes ? Elles font ce qu’elles aiment, elles allient AMOUR et ACTIVITES, elles mettent du cœur à l’ouvrage. Là est pour moi la définition du Travail.
L’être humain est fait pour travailler, dans le sens de créer, d’œuvrer, de construire. Nous sommes incapables de ne rien faire. Même un moine bouddhiste ne fait pas rien, il médite, il étudie… et par le fait de changer ses pensées, sa perception, son monde intérieur, il change le monde à l’extérieur. Nous avons tous ce super pouvoir, à nous de l’utiliser.
Alors en avant, libre, vous l’êtes, nous le sommes tous. À nous de changer la donne, de nous libérer pour sortir des carcans d’un système qui court à sa perte. Nous avons toutes les cartes en main, mais surtout le devoir, un devoir de plus en plus prégnant, de plus en plus urgent de changer le cours des choses. Nous sommes à un point de bascule, écologique, économique, systémique. Sans notre sursaut, sans nos idéaux, nous ne serons tout simplement plus. Alors, autorisez-vous à rêver à nouveau, car le rêve est le terreau d’une vie épanouie. Et cela passe déjà, en grande partie, par vous questionner sur le travail.
Il est possible d’allier les mots sens, joie, travail, liberté, harmonie, et même amour. Il n’est pas utopique de croire en ses rêves, il suffit d’oser.
Alors dès à présent… rêvez, osez, foncez et soyez LIBRES !

Hélène Picot

Extrait de mon livre LIBRES : Vers un travail qui a du sens

* Bullshit jobs : expression signifiant « emplois à la con ». Elle désigne des tâches inutiles, superficielles et vides de sens effectuées dans le monde du travail. Le terme est apparu sous la plume de l’anthropologue David Graeber dont son livre « Bullshit jobs ».

Témoignages

Aurélia Brand Deligné
42 ans
Mathilde Freville
38 ans
Louise Lousson
37 ans

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